L’indice de perception de la corruption 2017 met en avant l’ampleur du fardeau que représente la corruption dans plus des deux-tiers des pays du monde
L’indice publié aujourd’hui par Transparency International, qui célèbre son 25e anniversaire cette année, révèle des faits troublants. En effet, malgré des actions de lutte contre la corruption à travers le monde, la plupart des pays progressent trop lentement, on constate ainsi que nombreux sont ceux qui n’ont fait que peu ou pas de progrès au cours des six dernières années. Une analyse plus approfondie de l’indice met en avant une coanstatation encore plus alarmante et montre que les pays dont les niveaux de protection des journalistes et des organisations non gouvernementales sont les plus faibles, sont aussi ceux où les taux de corruption sont les plus élevés.
Pour visualiser les résultats, veuillez visiter : www.transparency.org/cpi2017
L’indice classe 180 pays et territoires selon leurs niveaux perçus de corruption au sein du secteur public sur la base d’appréciations d’experts des secteurs privé et public. Cet indice utilise une échelle de 0 à 100 dans laquelle 0 correspond à un pays extrêmement corrompu et 100 à un pays sans corruption. Cette année, plus des deux-tiers des pays enregistrent une note inférieure à 50, la note moyenne étant de 43.
Ces six dernières années, un certain nombre de pays ont sensiblement amélioré leur note sur l’IPC. C’est notamment le cas de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Royaume-Uni. Par contre, plusieurs pays dont la Syrie, le Yémen et l’Australie, ont vu leur note baisser substantiellement.
Cette année, la Nouvelle-Zélande et le Danemark obtiennent les meilleures notes, soit 89 et de 88 respectivement. La Syrie, le Soudan du Sud et la Somalie se classent en bas de l’échelle, avec les notes respectives de 14, 12 et 9. La région la plus performante est l’Europe de l’Ouest, avec une note moyenne de 66. Les régions les moins performantes sont l’Afrique subsaharienne (note moyenne de 32) et l’Europe de l’Est Asie centrale (note moyenne de 34).
Chaque semaine, un journaliste est tué dans un pays très corrompu
À partir de l’analyse des résultats de l’Indice, Transparency International a examiné de plus près les rapports qui existent entre les niveaux de corruption, la défense des libertés de journalistes, et l’engagement de la société civile. Il se trouve que la quasi-totalité des journalistes tués depuis 2012 l’ont été dans des pays très corrompus.
« Aucun activiste ou journaliste ne devrait craindre pour leur vie lorsqu’ils dénoncent la corruption, » déclare Patricia Moreira, directrice de Transparency International. « Vu les mesures de répression qui sont actuellement exercées partout dans le monde contre la société civile et les médias, nous devons faire plus pour protéger ceux qui s’expriment ouvertement. »
Réunissant des données provenant du Comité pour la protection des journalistes, l’analyse montre qu’au cours de ces six dernières années, 9 sur 10 journalistes tués l’ont été dans des pays dont la note à l’Indice de perception de la corruption est inférieure à 45. Cela signifie qu’en moyenne, chaque semaine, au minimum un journaliste est tué dans un pays très corrompu. De plus, parmi les journalistes tués, un journaliste sur cinq enquêtait sur des faits de corruption. Malheureusement, dans la plupart des cas justice n’a pas été rendue.
Les travaux menés par Transparency International en collaboration directe avec plus de 100 de ses sections nationales, ont confirmé les liens étroits qui existent entre la corruption et la liberté de la presse. Le Brésil, par exemple, qui affiche la note de 37 à l’indice de cette année, a été témoin de l’assassinat de 20 journalistes au cours des six dernières années. Ciblés pour leurs enquêtes, notamment sur des phénomènes de corruption au sein d’administrations locales et sur la criminalité liée au trafic de stupéfiants, les journalistes sur place au Brésil risquent chaque jour leur vie par le simple fait d’exercer leur métier.
Relation entre la corruption et la réduction du champ d’activité de la société civile
Transparency International s’est également penchée sur les rapports qui existent entre le niveau de corruption et le degré de faculté dont jouissent les organisations de la société civile à travailler sur et influencer les politiques publiques. Se basant sur des données du World Justice Project (WJP - Projet de justice mondial), l’analyse montre que la plupart des pays qui affichent de mauvaises notes au regard des libertés civiques ont tendance également à avoir des degrés élevés de corruption.
« Les campagnes de dénigrement, les actes de harcèlement, les actions en justice et les obstacles bureaucratiques sont autant d’outils auxquels certains gouvernements ont recours pour tenter de faire taire ceux qui luttent contre la corruption, » ajoute Patricia Moreira. « Nous exhortons les gouvernements qui se cachent derrière des lois restrictives à les révoquer immédiatement et à promouvoir une plus grande participation citoyenne.»
La Hongrie, qui a vu son indice tomber de 10 points ces six dernières années, passant de 55 en 2012 à 45 en 2017, représente l’un des exemples les plus alarmants de la réduction de la liberté d’action de la société civile en Europe de l’Est. S’il est promulgué, un projet de loi récemment soumis au parlement pourrait restreindre l’activité des ONG et révoquer leur statut caritatif. Il en découlerait des conséquences catastrophiques pour nombre de groupes de la société civile déjà affectés par les contraintes que leur a imposées une loi précédente stigmatisant les ONG sur la base de leurs structures de financement.
À propos de l’Indice de perception de la corruption
Créé en 1995, L’Indice de perception de la corruption, publication phare de Transparency International, est le premier indicateur mondial des niveaux de corruption au sein du secteur public. Il présente un instantané annuel du degré relatif de corruption en classant les pays du monde entier. Pour plus de précisions, veuillez visiter: www.transparency.org/research/cpi/cpi
Notre analyse la plus récente, qui examine les rapports existant entre la corruption et la liberté de la presse, d’association et d’expression, se base sur des statistiques recueillies par le Comité pour la protection des journalistes, Reporters sans frontières, le Projet Variétés de démocraties (V- Dem) et le World Justice Project. Nous remercions ces organisations d’avoir eu l’amabilité de nous fournir leurs données.
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