IPC 2020 : Afrique subsaharienne
Graffiti à Johannesburg qui dit: "Récupérer avec intégrité?" (Image: Saint Nic Media / Corruption Watch)
Avec une moyenne de 32 et très peu d’amélioration par rapport aux années précédentes, l’Afrique subsaharienne est la région la moins bien classée sur l’IPC, ce qui souligne la nécessité d’une action urgente.
Avec un score de 66, les Seychelles obtiennent régulièrement les meilleures notes dans la région, suivies du Botswana (60) et du Cap-Vert (58). Au bas de l’indice, l’on trouve le Soudan (16), la Somalie (12) et le Soudan du Sud (12).
Analyse régionale
Défis en matière de corruption liés à la COVID-19
Dans toute la région, la pandémie de COVID-19 met en évidence les lacunes structurelles des systèmes nationaux de soins de santé, les risques de corruption liés aux marchés publics et le détournement des fonds d’urgence.
Le choc économique de la pandémie a suscité des protestations et des dissensions dans de nombreux pays, dont l’Afrique du Sud (44), l’Angola (27) et le Zimbabwe (24), à propos de la hausse du coût de la vie, de la corruption et de l’utilisation abusive généralisée des fonds d’urgence.
ODD et corruption
Plus généralement, la corruption continue d’entraver l’accès aux services de base. En 2019, le Baromètre mondial de la corruption – Afrique a révélé que plus d’une personne sur quatre – soit environ 130 millions de citoyens dans les 35 pays africains étudiés – a payé un pot-de-vin pour accéder à des services publics essentiels, comme les soins de santé.
Tant que ces problèmes de corruption ne sont pas résolus, de nombreux pays d’Afrique subsaharienne risquent de ne pas atteindre leurs cibles des Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.
La région connaît déjà une augmentation alarmante de l’extrême pauvreté, ce qui compromet les progrès réalisés au cours des dernières décennies. Les institutions chargées de fournir des services publics de base devraient être plus transparentes et responsables dans leur fonctionnement. Des politiques et des mécanismes améliorés sont nécessaires pour permettre aux citoyens d’accéder à l’information publique, de demander des comptes et de dénoncer la corruption en toute sécurité.
Améliorations et reculs significatifs
Avec un score de 36 sur l’IPC, la Côte d’Ivoire a considérablement amélioré sa performance, gagnant neuf points depuis 2013. Cependant, la crise politique entourant la réélection du président Allasane Ouattara, qui a débouché sur des violences et des atteintes aux droits humains, risque de faire dérailler les progrès en cours.
Avec un score de 19, la République du Congo a connu une baisse significative de sept points depuis 2012. Cette performance reflète la corruption endémique et l’impunité dont jouit l’élite politique du pays. La République du Congo a mis en place un cadre de lutte contre la corruption, mais sa mise en œuvre reste faible.
Pays ayant enregistré les améliorations les plus significatives
Pays ayant enregistré le recul le plus significatif
Mettre en œuvre les engagements déjà existants
Pour inverser la position de la région, qui est la moins performante sur l’IPC, les gouvernements d’Afrique subsaharienne doivent prendre des mesures décisives, en particulier dans les économies déjà affaiblies par la récession économique actuelle découlant de la COVID-19.
Plutôt que de faire de nouvelles promesses, les pays doivent appliquer les nombreux engagements existants en matière de lutte contre la corruption, notamment l’Agenda 2063, le programme de transformation de l’Union africaine pour une croissance inclusive et un développement durable.
Ces engagements ne peuvent être réalisés avec succès que si le continent est ancré dans la bonne gouvernance, les valeurs démocratiques, l’égalité des sexes, le respect des droits fondamentaux, la justice et l’état de droit.
Pays à surveiller
Malawi
Avec un score de 30, le classement du Malawi sur l’IPC est en forte baisse, perdant sept points depuis 2012.
Connu pour le « scandale du Cashgate » de 2013, impliquant des niveaux élevés de corruption dans le secteur public et des détournements de fonds, le pays continue à être aux prises avec la corruption.
Un récent audit du gouvernement a révélé une corruption du secteur public aux proportions astronomiques, avec un montant estimé à 1 milliard de dollars US qui aurait été volé par le gouvernement précédent.
Un nouveau gouvernement élu en juin 2020 promet un nouveau départ, avec plusieurs enquêtes sur la corruption déjà en cours, et quelques arrestations importantes effectuées en relation avec un scandale d’importation de ciment.
En outre, l’extradition d’un pasteur malawite très en vue accusé de blanchiment d’argent en Afrique du Sud pourrait être un autre test de l’engagement du pays dans la lutte contre la corruption.
Le Malawi a la possibilité de renforcer la bonne gouvernance et de promouvoir les efforts de lutte contre la corruption afin d’inverser les effets de la pandémie de COVID-19 sur l’économie. (Image: CC BY-SA 3.0 / MsTingak)
Zambie
Avec un score de 33, la Zambie est en forte baisse sur l’IPC, avec une chute de cinq points depuis 2013.
La corruption est endémique en Zambie et affecte l’accès de la population aux services publics essentiels. Selon notre rapport de 2019, près d’un citoyen zambien sur cinq a payé des pots-de-vin pour recevoir des services tels que des soins de santé ou une éducation.
Les niveaux croissants de corruption peuvent être attribués à un système national de marchés publics inefficace, fonctionnant dans un contexte d’augmentation de la dette extérieure et de niveaux élevés de pauvreté.
Un engagement plus fort en faveur des réformes des marchés publics et des espaces civiques ouverts favorisera une plus grande transparence et une plus grande responsabilité, mais les prochaines élections générales détermineront en fin de compte si la corruption sera une priorité dans les années à venir.
En Zambie, l’engagement en faveur des réformes des marchés publics favorisera une plus grande transparence et une plus grande responsabilité. (Image: Shutterstock / Boris Mayer)
Afrique subsaharienne
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